jeudi 28 janvier 2010

Madame Aubry a fait retraite

Décidément la question de l'âge de la retraite depuis la valse hésitation de Martine Aubry soulève des réactions nombreuses et pertinentes. Une des dernières en date  est pourtant un modèle d'impertinence, mêlant ironie et cynisme pour mieux faire ressortir les conséquences du choix opéré par la première secrétaire du PS. Le problème n'est pas posé à partir d'une pétition de principe d'ordre moral ou économique, mais si l'on peut dire en partant d'une question concrète et selon un axe d'analyse coût/avantage : à qui profite ou profiterai le mieux un recul de l'âge de la retraite? Inversement qui en serait le plus lésé? Au final 60 ou 62 ans?
L'article s'il use abondamment d'antiphrase et adopte un ton moqueur n'en est pas moins très sérieux sur le fonds de la réponse qu'il propose: l'allongement du temps de travail d'un ou deux ans avant l'age de la retraite ne serait pas incitateur pour les classes aisées (ce dont le récitant de l'article se revendique avec environ 12 000 EUR/net par mois et 3M€ dont la moitié rapporte, bon an mal an, de 2 à 3%).
Donc pour garder un ancrage important auprès de ce type d'électorat constitué principalement de cadres sup et sur-représenté dans les grandes villes, notamment à Paris, Mme Aubry se doit de rassurer  en revenant à l'âge de 60 ans pour ceux qui auront la chance de pouvoir partir dès ce délai dans des conditions acceptables voire optimales. Mais comme par ailleurs l'évolution démographique, et l'amélioration des conditions de santé obligeront à cet allongement du temps de cotisation, en particulier pour les classes moyennes et défavorisées, madame Aubry se doit de réussir dans sa réponse le tour de force de combiner la réalité de l'âge de la retraite à 60 ans avec la possibilité du travail prolongé jusqu'à 61 ou 62 ans.
En gros que ceux qui veulent partir à 60 ans et surtout qui peuvent le faire le fassent et que les autres puissent travailler plus longtemps. Tout ce procédé de communication sur cette difficile question des retraites énonce finalement un truisme et préconise ce qui va de soi: les suffisamment riches (pardon "aisés") partiront dès qu'ils le pourront - sous réserve qu'ils le veuillent plutôt que continuer un ou deux ans durant à s'enrichir encore un peu davantage. Les plus démunis  par contre n'auront pas le choix et leur situation socio-économique les contraindra, malgré leur fatigue et leur envie de s'arrêter, à dépasser systématiquement la barre des 60 ans.

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