dimanche 28 février 2010

ÉLECTIONS RÉGIONALES - BREF MODE D'EMPLOI

Sur les pages du journal Libération.fr consacrées à un dossier sur les régionales, on trouvera un rapide point de rappel de la carte des régions de France et de leur répartition politique, du mode scrutin, de la composition et des compétences de ces élections etc. Libération propose par ailleurs sa rubrique suivie d'actualité des régionales par régions, avec un Libé Bordeaux, un Libé marseille etc.
=> Éditions régionales
De même Le Monde.fr qui réserve une de ses rubriques principales d'actualités aux régionales => http://www.lemonde.fr/elections-regionales/
L'actualité y est suivie de façon quotidienne et des rappels info-graphiques sont proposés permettant de recadrer les situations, les enjeux et l'évolution des points de vue en fonction des sondages etc. Cliquer sur la carte selon la région qui vous intéresse, vous pourrez vous retrouver sur Le Monde PACA, Le Monde Rhône-Alpes, Le Monde Île de France etc. et suivre les fils d'infos et les articles.

Le Figaro semble un peu en reste avec une rubrique Élections régionales (Cliquer ICI) moins étoffée que les autres grands quotidiens, qui se charge surtout d'afficher le fil d'actualité en fonction des événements.

Le Parisien (Cliquer ICI) quant à lui privilégie certes - mais avec tempérance - dans sa rubrique Régionales 2010 la région Île de France. Il propose en effet deux onglets complémentaires Actualités  et Régions pour une approche somme toute plus générale et mieux "décentralisée".
 

samedi 27 février 2010

Des régionales en Île de France politiquement très incorrectes

De nouvelles bornes viennent d'être dépassées. Dans le registre des coups-bas politico-médiatiques il venait d'y avoir l'affaire Ali Soumaré, et la très mauvaise optique retenue par une frange de l'UMP d'avoir cherché à exploiter le passé censément "obscur" d'un candidat socialiste, sans avoir au préalable pris la peine de vérifier toutes les sources, mais surtout d'avoir opté pour un procédé de dénigrement visant à salir l'adversaire au lieu de se grandir soi-même. Il est à espérer que les responsables principaux de la campagne et de la liste emmenée par Valérie Pécresse en Île de France n'ont de fait pas cautionné cette stratégie à deux balles, dont on voit qu'elle contribue principalement à dégoûter les électeurs de la vie politique et de se sentir suffisamment floués pour vouloir s'en dés-impliquer.
Une cacophonie n'a pas tardée à faire suite, allégrement relayée par le journal Libération qui sur ses pages dédiées à la campagne ne consacre à ce jour pas moins des 13 articles (Lire ICI) à l'affaire Ali Soumaré, avec notamment un éditorial de Laurent Joffrin assez incendiaire.
Sur fond de désaccords et désaveux sur l'orientation de la campagne et sur les choix opérés pour la constitution des listes, le front UMP est supposé s'être fissuré. L'avenir le confirmera ou non, ce qu'on peut d'ores et déjà se demander c'est à qui profitera cette éventuelle "fissure"?
Aux socialistes serait-on en droit de penser immédiatement. Certains y ont songé et se sont rapidement réjouis de cette bévue de campagne (Lire ici). D'autant qu'au moment où le maire UMP de Franconville, Françis Delattre (Lire son portrait) en arrivait enfin à présenter des excuses, patatras, c'est au tour du PS d'en remettre une couche, avec une nouvelle sortie médiatique en bonne et due forme de Vincent Peillon (Lire ICI) exhumant, en contre-point avec l'affaire Soumaré, des pratiques passées de jeunes responsables politiques de droite, en l'occurrence Patrick Devedjian et Alain Madelin. Jeudi 25 février sur LCI, le député européen socialiste avait en effet montré une coupure de presse du 11 Novembre 1965 relatant une audience correctionnelle à Draguignan (Var), concernant deux “jeune gens […] étudiants à la faculté de droit de Paris, à qui le soleil a quelque peu tourné la tête […]  Devedjian Patrick et Madelin Alain”.
Suite à ces déclarations, ces derniers ont tour à tour annoncé leur intention de déposer plainte en diffamation contre Vincent Peillon. 
Au delà des coups bas que se portent les deux principaux partis de France dans le déroulement de cette campagne, on doit se demander jusqu'à quel niveau de non-débat et de non projet vont aller ceux qui sont censés représenter la population dans ces prochaines élections régionales et qui continuent d'une manière aussi peu constructive à briguer fonctions et places. Il y a une indécence décomplexée de part et d'autre dans cette manière de se porter des coups en dessous de la ceinture; la classe politique française doit se ressaisir de toute urgence si elle compte pouvoir continuer à revendiquer la représentation légitime et efficace des citoyens. Ces derniers ne comptent certainement pas aller aux urnes le 14 et 21 mars 2010 pour donner un blanc-seing à des courants politiques et à leurs représentants qui auront passé l'essentiel de leur temps à se préoccuper par tous les moyens de leur stratégie personnelle de conquête et à chercher des poux dans la tête de leurs adversaire politiques. Non les électeurs que nous sommes n'auront envie (ou pas) d'aller voter ces deux dimanches de mars pour que ceux qui  leur auront paru faire des propositions en accord avec la réalité ambiante et avec leurs attentes et espérances. De ce point de vue il y a un paradoxe politique: les deux listes qui à ce jour sont données via les sempiternels sondages comme les plus largement majoritaires assez loin devant les autres sont celles des deux parties les plus impliqués dans le coups tordus portant sur des personnes. Si cela devait durer, il y aurait quelque indécence à ce que les électeurs ne sanctionnent pas ces deux grands groupes politiques en déviant leurs votes vers d'autres forces politiques plus propositionnelles, plus réservées et davantage respectueuses des personnes, et par là même d'une certaine idée de la politique.
A trois semaines de ces élections régionales, si l'UMP ne fait pas amende honorable de sa manœuvre indigne, et si le PS ne se ressaisit pas et ne s'excuse pas pour ces dernières attaques ad hominem, qui pourra encore en conscience voter pour l'un ou l'autre de ces partis. Il est fort à parier que les grands gagnants seront alors Europe-Écologie (et accessoirement les partis périphériques protestataires,) qui malgré le déficit de popularité et la jeunesse dont pâtit Cécile Duflot, la tête de liste en île de France, mène dans la lignée des Européennes de 2009 une campagne plus cohérente, mieux maîtrisée,  avalisant une stratégie de rassemblement, permettant à la marque Europe-Écologie de s'installer dans les esprits et réussissant ainsi à susciter une défiance et une méfiance persistante à l'égard d'un Parti socialiste qu'une fraction de plus en plus importante et éclairée de l'électorat de la gauche modérée voudra bousculer voire oublier d'une manière ou d'une autre.

jeudi 25 février 2010

Ile-de-France : les propositions des candidats face à des transports saturés


Un article d'un des blogs de la plateforme Le Monde.fr "La campagne des régionales, enjeux, stratégies et candidats" fait le point de manière éclairante sur l'enjeu de la question des transports dans la plus peuplée région de France.


Les transports publics en Ile-de-France représentent près de 1 126,7 millions de voyages sur 1 375 km de chemins de fer desservant 800 gares franciliennes. Ce sont aussi de nouveaux tramways et 352 lignes de bus, ces derniers transportant en moyenne 3,35 millions de passagers par jour. Comment améliorer la qualité, la densité et la fréquence des transports franciliens ? Chaque parti présente ses solutions et reporte sur le camp adverse la responsabilité des difficultés que rencontrent quotidiennement les usagers-électeurs de la SNCF ou de la RATP. Etat des lieux.
Un constat partagé : un réseau saturé.
Jean-Paul Huchon, prill_1264942_8e86_rer.1267001541.jpgésident socialiste de la région depuis douze ans, est également, depuis 2006, président du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), autorité en la matière de la région. Selon le conseil régional, “les raisons des dysfonctionnements résident, d’une part, dans la hausse de la fréquentation, et d’autre part dans des problèmes d’exploitation… Davantage de voyageurs signifie davantage d’incidents de personnes et de malveillance. En outre, malgré des efforts importants, la vétusté de certaines installations entraîne de nombreux retards”, explique-t-on. “Saturation et congestion” du réseau francilien seraient dues à “la situation calamiteuse laissée par l’Etat”, juge Jean-Paul Huchon.
Du côté de la majorité présidentielle, conduite par Valérie Pécresse, on dénonce la “stratégie de défausse” du président de région concernant son bilan sur les transports. “Cela fait douze ans que la région participe au financement et au choix des infrastructures dans le cadre des contrats de projet Etat-région [ex-contrats de plan], précise Chantal Jouanno , tête de liste UMP à Paris. “On paie aujourd’hui l’absence de décisions d’investissement d’il y a dix ans”, affirme la secrétaire d’Etat à l’écologie. “Tous les choix d’infrastructures sont le résultat du choix entre la région et l’Etat”, conclut-elle, renvoyant ainsi les deux camps à une responsabilité partagée.
“Désaturer le réseau” est la priorité sur laquelle le prochain conseil régional devra porter son effort, s’accordent à dire les associations d’usagers. “L’urgence est d’améliorer le matériel roulant” estiment de concert la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) et la Fédération des usagers des transports et des services publics (FUT-SP). Fluidifier la ligne 13 du métro et les lignes RER A, B, C et D figure également en tête des urgences des associations d’usagers.
Des projets qui convergent en terme d’infrastructure.
Pour répondre à l’urgence, Jean-Paul Huchon promet “une augmentation de 35 % des capacités du RER A dès l’automne 2010″. Pour ce faire, la RATP placera sur cette ligne, qui traverse la capitale, des “trains à deux étages susceptibles de transporter 2 500 passagers sans modifier la fréquence des rames”, affirme-t-on à la RATP. “L’utilisation de voitures à deux étages, dotées d’une plus grande capacité, ne permet pas forcément de transporter plus de voyageurs”, tempère cependant la SNCF. La capacité absolue est théorique : si faire entrer et descendre les voyageurs prend plus de temps, la fréquence des rames est ralentie. “C’est le bémol”, reconnaît un proche du président de région.
A moyen et plus long terme, Jean-Paul Huchon promet, comme outil de désaturation du réseau, le prolongement de la ligne 14 (pour soulager la 13) et du RER E. Mais aussi la modernisation des RER, le prolongement de la ligne E, de nouveaux tramways, des bus en site propre…
Pas de différence majeure en du côté de Cécile Duflot et d’Europe Ecologie en terme d’infrastructure : on y retrouve l’allongement de la ligne 14, la réhabilitation des RER, plus de trams et de nouvelles lignes de bus. Le Front de gauche conduit par Pierre Laurent s’associe également à l’idée de moderniser l’existant et de créer de nouveaux prolongements. Sans surprise, les programmes des partis qui forment la majorité plurielle de la région coïncident sur les grandes lignes.ill_845956_paris-tramway.1267001692.jpg
Plus étonnant, le programme de Valérie Pécresse peut également s’accorder avec celui de la gauche. Comme ses adversaires, la majorité présidentielle souligne l’urgence de prolongement de la ligne 14 et du RER E. Elle est également favorable au prolongement des tramways T1, T2, T4 et T6. Le prolongement du T3 sur les maréchaux parisiens, dont la paternité est revendiquée par le socialiste Bertrand Delanoë et le vert Denis Baupin, est néanmoins exclu des priorités. Valérie Pécresse veut également “délester les autoroutes en triplant le transport fluvial de marchandises”, comme Pierre Laurent, tête de liste communiste.
La différence se fait sur la tarification et le Grand Paris.
Alors que Valérie Pécresse se prononce pour une réduction du nombre de zones de 6 à 2, sans préciser les prix envisagés pour les abonnements, Cécile Duflot est pour sa part favorable à un tarif unique (65 euros) dans toute la région, tout comme Pierre Laurent.Olivier Besancenot, tête de liste pour le Nouveau Parti anticapitaliste, promet la gratuité des transports, financée par l’imposition des entreprises. Enfin, Alain Dolium (Modem ) et Jean-Paul Huchon se sont prononcés pour un maintien du zonage en semaine et l’application de tarifs sociaux pour les jeunes chomeurs. Le président sortant veut également maintenir l’activité des transports en commun la nuit du samedi au dimanche.
Le plus important clivage concerne le “grand huit”. Le projet de Christian Blanc, secrétaire d’Etat chargé de la région capitale, prévoit la création d’un métro automatique en petite et grande couronnes. Il devra relier une trentaine de gares franciliennes et joindre de futurs pôles économiques et de recherche. “Le plan gouvernemental aggravera le déséquilibre emplois-habitats dont souffre déjà la région”, estime Jean-Claude Delarue pour la FUT-SP. “Ce plan prévoit de construire un métro là ou il y a aujourd’hui des champs de betteraves, tacle Simone Bigorgne, présidente de l’Association des usagers des transports. Nous ne sommes pas contre à horizon 2050, mais la priorité est de faire circuler des trains en petite couronne. La réalisation d’Arc Express correspond aux besoins des usagers.”
Projet phare de la présidence sortante, Arc Express est une rocade de métro automatique en petite couronne que la région prévoit de compléter avec des tangentielles ferroviaires afin d’affiner le réseau de transport banlieues-banlieues. “Le projet de la région n’est pas incompatible avec celui du gouvernement” estime un proche de Valérie Pécresse. “80 à 90 % du trajet d’Arc Express se superpose à celui de la grande boucle imaginée par Christian Blanc”, ouvrant la porte à un éventuel accord qui pourrait rapprocher l’Etat et la région une fois la campagne régionale terminée.
“En période électorale, les projets sont gelés” regrette Simone Bigorgne. “Une fois ce temps des promesses terminé, nous verrons ce qu’il en restera” conclut-elle.
Eric Nunès

mardi 9 février 2010

Régionales 2010, Sondages, un blog Le Monde.fr

Les élections régionales approchent. Dans un peu plus d'un mois les électeurs seront appelés aux urnes pour repenser et recomposer le paysage des différentes représentations régionales. Ces élections souvent dites intermédiaires sont parfois difficiles à cerner et leur lisibilité varie en fonction de nombreux facteurs, notamment celui des compositions de listes, de l'abstention et des jeux d'alliance des partis, au premier ou second tour.
Pour suivre de façon anticipée et se donner les moyens de mieux comprendre les tenants et aboutissants de  ces élections, leurs enjeux, les sondages, les stratégies, les programmes (tristement passés sous silence) un excellent blog de la plate forme du Monde est dédié à ces élections:
Son avant dernier article rebondit sur le dernier sondage qui donne encore la gauche en tête nationalement et essaye de prendre la mesure des différents rapports de force électoraux qui se mettent en place dans certaines régions:
urnes1.1265647693.jpgBis repetita ? Alors que la campagne officielle des régionales démarre le 1er mars, les premières tendances esquissent une avance confortable pour la gauche, créditée de 51 % au niveau national au premier tour (PS - Europe Ecologie - Front de gauche - NPA - LO - Divers) par un sondage OpinionWay LCI-Le Figaro. La droite rassemblerait 33 % des voix (UMP - Nouveau Centre - Divers), sans le MoDem (6 %) éparpillé dans ses alliances, et le FN, en baisse constante (9 %).
OpinionWay enfonce le clou pour le second tour (55 % pour la gauche), suivi par une enquête ViaVoice publiée par Libération, lundi 8 février, où 60 % des sondés indiquent souhaiter une victoire de la gauche à ces élections. Le 4 février, l’étude TNS-Sofres prévoyait également 53,5 % de voix pour l’opposition lors du premier tour, le 14 mars.
Le PS reste crédible
Pour rappel, en 2004, les listes de gauche avaient rassemblé 49,91 % des votants, contre 36,84 % en faveur de la droite au second tour. Le PS avait alors emporté vingt régions sur vingt-deux. Mais le Front national avait pesé au second tour, emportant 12,38 % des voix.
Pour ce scrutin, l’UMP espère conserver la Corse et l’Alsace et arracher quelques trophées (dont l’Ile-de-France, Champagne-Ardenne ou la Franche-Comté). Dans la moitié des régions françaises concernées par un suspense électoral, les regards se tournent surtout vers les concurrents du PS ou de l’UMP au premier tour, respectivement Europe Ecologie (entre 10 et 13 % pour Opinionway) et le Front national (environ 9 %).
Mais sauf surprise, ni Europe Ecologie ni le FN ne semblent en mesure de renverser une tendance nationale favorable au PS qui, comme l’expliquait Brice Teinturier, directeur adjoint de TNS-Sofres, reste crédible pour “la gestion de la compétence et des projets” de l’exécutif régional.
55 % de sondés “peu ou pas du tout intéressés”
D’autant que le scrutin ne semble pas mobiliser les foules. Seules 49 % des personnes interrogées par Opinionway se disent certaines d’aller voter, tandis que 55 % des sondés se sont déclarés “peu ou pas du tout intéressés” par les élections à TNS-Sofres.
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Les débats mouvementés sur les listes – à l’UMP comme au PS – ont pu contribuer à refroidir des électeurs plus préoccupés par la situation économique et sociale. D’autant que les enjeux locaux restent importants pour de nombreux électeurs : selon l’étude Opinionway, 64 % de l’électorat se prononcera sur des questions propres à sa région, comme les transports en Ile-de-France.
A qui pourrait profiter une forte abstention ? Pour Brice Teinturier, elle favorisera l’UMP et les écologistes (à l’électorat davantage “participationniste”). Mais Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, évoque dans Libération (accès payant) une opposition qui “se mobilise plus que le camp de la majorité”, capable d’infliger un “vote-sanction” à l’UMP. Tous s’accordent pour dire que les élections régionales de 2010 ne renoueront pas avec le fort taux de participation du précédent scrutin (65,66 % au second tour), elles aussi dans un contexte de fort rejet de la politique gouvernementale.
Michaël Szadkowski

vendredi 5 février 2010

mardi 2 février 2010

Echo socialiste en Languedoc - Le "Ben oui… Ben non…" de Martine Aubry

Mais que fait Martine Aubry en Languedoc Roussillon. D'après le Nouvel Obs, c'est bien malgré elle qu'elle se serait résignée à lancer contre Georges Frêche en Languedoc Roussillon ses propres troupes PS conduite par la maire de Montpellier, Hélène Mandroux. Décidément Martine Aubry poursuit son pas de deux, tantôt pour tantôt contre le puissant élu régional, tantôt pro-rénovation, tantôt pro -conservation. Bref, la ligne claire habituelle du PS actuel.

Ci-dessous l''article du Nouvel Obs :

"Aubry malgré elle...
Dimanche 17 janvier, sur RTL, quand on lui a demandé si elle soutenait Frêche, elle a dit : «Ben oui.» Le 16 juin dernier, devant le secrétariat national, elle avait pourtant juré qu'il était trop déconsidéré pour recevoir l'appui du PS lors des élections régionales. Martine Aubry n'a pas tourné casaque. Elle s'est tout simplement résignée à une situation qui la contraint, faute d'avoir su construire une alternative crédible. La première secrétaire, malgré le vote du conseil national du parti, continue à observer avec attention les initiatives de la maire de Montpellier, Hélène Mandroux. Si, par hasard, celle-ci devait finalement rejoindre, avec quelques amis, la liste d'Europe Ecologie, ce n'est pas elle qui lui lancera la première pierre. Bien au contraire. En public, en attendant, elle reste une «malgré-nous» du frêchisme. En retour, le président de la région Languedoc-Roussillon lui a délivré un certificat de présidentiabilité. «Il y a Hollande et Martine. Elle n'est pas ma tasse de thé mais je reconnais qu'elle se débrouille plutôt bien.» Georges Frêche a de l'humour. La patronne du PS a laissé se développer une situation inextricable et grotesque qui veut que le PS soutienne de facto un homme qu'il a exclu de ses rangs, tandis qu'un secrétaire national, Arnaud Montebourg, et son adjoint Paul Aliès continuent à faire bouillir, à Montpellier, les marmites de la révolte. Au nom de la rénovation ! Et pour ne rien gâter, c'est Laurent Fabius qui a lancé publiquement qu'il aurait du mal à voter Frêche, s'il était électeur dans la région.

«Ben oui» d'un côté, «ben non» de l'autre. Pour comprendre, il faut regarder d'abord à Paris. Tout s'est joué cet automne. Pour débloquer la situation, il aurait fallu que la direction du PS accepte l'idée d'une liste d'union conduite par un écolo et que les Verts fassent un accroc à leur ligne d'autonomie dans toutes les régions. Ni Aubry ni Duflot n'y étaient alors vraiment prêtes. Autre difficulté, celle-là locale : les socialistes languedociens n'étaient pas disposés à la rupture avec leur leader historique. Dans cette affaire, Georges Frêche, comme d'habitude, a su allier brutalité et finesse. Le seul qui ait ouvertement osé le défier s'appelle Eric Andrieu, premier secrétaire de la puissante fédération de l'Aude. Mais ce représentant doué et apprécié de la nouvelle génération socialiste n'a jamais su dire s'il voulait remplacer Frêche ou aider simplement à la solution alternative. Le vieux lion a lancé dans les pattes de l'insolent un de ses meilleurs amis. Audois comme lui, franc-maçon comme lui, jeune comme lui et amoureux du beau jeu rugbystique comme lui. Didier Codorniou, ex-trois-quarts centre du XV de France et maire très populaire de Gruissan, n'a pas fait dans la dentelle. Pour lui, c'était Frêche, point barre. A une très nette majorité (66%), les militants de la région lui ont remis les clés de l'investiture, à charge pour lui de les transmettre au président sortant. Aujourd'hui, Andrieu, qui est rentré dans le rang, explique qu'en Languedoc-Roussillon les deux tiers des sections sont peuplées par des élus et leurs obligés. Avec sagesse mais aussi un brin de fatalisme, il confie qu'on ne bâtit rien de sérieux sur «la dépolitisation» et la soumission inconditionnelle. «Il faut penser à l'avenir», dit-il. Le sien, sous la coupe de Frêche et alors qu'à Paris ses protecteurs se font rares, s'annonce en tout cas périlleux."

François Bazin
Le Nouvel Observateur