mardi 19 juillet 2011

L’équation Royal


L’équation Royal: "Le soutien de l’appareil du PS m’a manqué en 2007, malgré ça j’ai obtenu 17 millions de voix au 2e tour, ce qui n’avait pas été le cas en 2002 avec le soutien du PS"

« En 2007, j’ai obtenu 17 millions de voix et j’étais présente au second tour de l’élection présidentielle. », dit Ségolène Royal au cours des interviews qu’elle accorde. « Mais vous avez perdu ! », répondent les journalistes. Et nous enregistrons ça comme des faits.

Pourtant, il y a cette image au fond de toutes les mémoires de Ségolène Royal le soir du 6 mai 2007, sur le toit de Solferino, devant des milliers de Français, dont beaucoup de jeunes, qui applaudissaient et scandaient « Ségolène, mer-ci ! Ségolène, mer-ci ! », pour finalement délivrer un message tourné vers l’avenir : « Nous devons construire ensemble le renouveau qui nous conduira vers la victoire future ! ».

Des milliers de Français, le 6 mai 2007, devant Ségolène Royal, sur le toit de Solferino, tournés vers l'avenir (BFM TV, 10/01/2011)

Un formidable élan populaire, celui d’une France métissée rassemblée autour de la candidate.

Hier, sur France Info, Ségolène Royal a rappelé certaines vérités :

« Le soutien de l’appareil, en effet, du Parti socialiste m’a manqué en 2007, et malgré cela, j’ai obtenu 17 millions de voix et j’étais présente au second tour de l’élection présidentielle, ce qui n’avait pas été le cas en 2002, avec le soutien du Parti socialiste.

Donc vous voyez, le soutien d’un appareil ne suffit pas, la preuve, si l’on compare 2002 et 2007 ; il est nécessaire, et là il ne manquera pas, puisque celui ou celle qui sera désigné, j’espère être celle-là, rassemblera l’ensemble des hommes et des femmes, pas seulement des élus, mais de tous les Français. »

En disant ça, Ségolène Royal est modeste : elle est tout simplement la seule personnalité de gauche de la Vème République à être parvenue à accéder au second tour de l’élection présidentielle, et à y être parvenue en recueillant le plus grand nombre de voix. 16 790 440 voix très exactement, soit 86 000 suffrages de plus que François Mitterrand, président de la République réélu en 1988 avec 16 704 279 voix et 54,02%, et plus d’un million de voix de plus que François Mitterrand en 1981 (15 708 262 voix et 51,76%).

François Mitterrand au Panthéon le 21 mai 1981, premier jour du premier septennat du président socialiste

Bien sûr, 1981 ou 1988, c’est loin, la population française a augmenté, etc., mais justement, c’est parce que personne entre temps n’a réussi à franchir le premier tour ! Et en particulier pas le candidat de 1995 qui a aussi été celui de 2002 et à qui on n’a jamais reproché de « rejouer la même affiche » avec Jacques Chirac.

Plus près donc : 2002. Si l’on compare les scores au premier tour de Ségolène Royal en 2007 (9 500 112 voix) et non pas du seul Lionel Jospin, Premier ministre sortant (4 610 113 voix), mais de lasomme du PS + PRG (Christiane Taubira) + MDC (Jean-Pierre Chevènement), soit 6 789 088 voix, on constate qu’à 5 ans d’intervalle, alors que le corps électoral a augmenté de 8%, le score de Ségolène Royal en 2007 est de 40% supérieur à celui des ‘PS et apparentés’ en 2002 !

Certains objecteront que la participation était plus faible au premier tour en 2002 (71,60%) qu’en 2007 (83,77%), mais à qui la faute et comment déterminer les effets de ce qu’aurait donné une participation plus forte ? Ce qui est sûr, c’est qu’entre François Mitterrand en 1981 (81,09%) et en 1988 (81,35%), et Ségolène Royal en 2007 (83,77%), la participation au premier tour est restée stable.

En fait le seul à avoir fait mieux que Ségolène Royal en nombre de voix au premier tour, c’est le président François Mitterrand, qui allait être réélu en 1988, avec 10 381 332 suffrages (880 000 de plus que Ségolène Royal en 2007).

En bref, la dynamique des suffrages, seuls deux personnages ont su vraiment l’incarner à gauche à l’élection présidentielle au cours de la Vème République : François Mitterrand, et plus récemment, Ségolène Royal.

Le Parti socialiste orphelin le 21 avril 2002 tranche crument avec la foule des Français amassée au pied de Solférino le 6 mai 2007, résolument tournée vers l’avenir.

« Je suis au travail depuis 4 ans, avec une équipe de campagne qui est en place depuis 4 ans. », martelait Ségolène Royal hier sur France Info.

Elle est maintenant prête. Prête à rassembler à nouveau tous les Français. Elle peut le faire. Elle l’a encore démontré en mars 2010 dans sa Région dès le premier tour. Autour de son équation personnelle.

Autour de l’équation Royal.

Elle a un record à battre : le sien. Et un adversaire à mettre à terre : le candidat de droite.

Frédérick Moulin

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