mardi 9 mars 2010

A qui profitera la crise des grands partis traditionnellement majoritaires?

Décidément, quels que puissent être les scénarios durant les toutes proches régionales 2010, on voit mal comment les Verts ne créeraient pas l'événement et ne mèneraient pas la danse. Comme dans une des récentes magnifiques chansons de Benjamin Biolay (Sans viser personne), il semble qu'à part eux, "il n'y a plus d'ensemble, il n'y a que des divisions (…)  plus de gauche, plus que des moribonds (…)"!
Le PS semble, malgré les sondages qui lui sont favorables, en réalité dans les Limbes… Il se prend à rêver - après les années catastrophiques de désert stratégique et idéologique - d'une grande victoire en laquelle il fait mine de croire pour ne pas avoir l'air d'être ce qu'il est réellement et tristement devenu: un parti recroquevillé sur lui-même, bourré de complexes, essentiellement animé d'un mélange de rancœur, de culpabilité et de la crainte de voir lui échapper son dernier trésor de guerre électoral emblématique (on se souvient que son écrasante victoire en 2004 n'avait pas manquée d'être exploitée comme le signe avant coureur d'une reconquête à venir!…).  On comprend mieux dans ces conditions la stratégie fière et arrogante de Martine Aubry: se placer a minima à la hauteur de ce scénario 2004 et refaire le coup du symbole!
Un tel positionnement laisse cependant pantois: comment penser sérieusement qu'après la gestion catastrophique des dernières campagnes passées et le calamiteux Congrès de Reims suivi d'une élection suspectée d'être frauduleuse par la plupart des observateurs de la vie politique française, ce parti puisse encore faire l'objet d'une attention et d'un renouvellement de confiance de la part des électeurs? Après ce que le Parti Socialiste vient de montrer en actes depuis 2006, date d'investiture de Ségolène Royal aux présidentielles de 2007, à savoir trahison et lâchage de la candidate, ralliement de plusieurs membres de l'équipe de campagne au camp adverse, promotions multiples acceptées de bon cœur, Congrès truqué, sections volées, militants vilipendés, fichiers opaques, déclarations provocatrices insensées… quel électeur voudra aujourd'hui renouveler sa confiance à un parti qui ne cesse de se discréditer par des actes en complète inadéquation par rapport à ses actes?
Preuve supplémentaire s'il en est de la présentation frauduleuse des bilans que les socialistes lèguent, en regard de la politique fiscale qu'ils ont appliquée. Toute sa geste politique s'accompagne d'une gestion dispendieuse (entre 30 et 40 % d'augmentation d'impôts locaux).  On en viendrait presque  à penser que lorsque Xavier Bertrand déclare que le bilan du PS concernant la gestion de la quasi totalité des régions qu'il avait conquises en 2004 est "nul", il énonce un truisme encore bien en deçà de la vérité.
A l'heure de la crise qui - quoiqu'on en dise sévit encore maintenant depuis plus de deux ans - pour la plupart des français - et particulièrement des franciliens si gravement lésés par les coûts prohibitifs de l'immobilier et des transports incontournables, ces augmentations fiscales ont un parfum de scandale et ont de quoi choquer et laisser de profondes traces dans l'esprit des électeurs. Il y a fort à parier que ces derniers s'en souviendront et refuseront de confier leur voix à un parti qui, par ses choix et options idéologiques et politiques, aura sous peu définitivement cessé de représenter une alternative politique crédible et de porter l'espoir d'un authentique changement concret dans les manières de faire de la politique et dans les réels objectifs affichés.
Cependant, à l'abord de ces échéances électorales régionales, l'UMP semble n'avoir pas très bien géré sa double conquête présidentielle et législative de 2007, en tout cas ne pas l'avoir optimisée comme il aura certainement eu l'idée de le faire, en entamant notamment une campagne plus tôt, avec davantage de mises en perspective critique et en nourrissant des projets mieux élaborés en amont, rendus en aval plus convaincants par une unité indéfectible des listes, qui ont pâti en sous main et sous cape dans plusieurs régions, dont l'île de France. Son projet n'a pas pris le temps de déconstruire suffisamment les ratés multiples du parti socialiste. Surtout il n'a pas pu mener à terme, sur le Grand Paris notamment, ou dans une moindre mesure sur l'identité nationale, les débats et réflexions qu'il avait pourtant prétendus mettre en œuvre et faire aboutir. Sur le deuxième exemple notamment, nombre d'électeurs ont décelé certainement à juste titre qu'il y avait eu, à l'initiative d'Éric Besson, une perspective fortement électoraliste dans l'initiative de ce débat.
Si l'on se demande donc à qui va profiter d'abord et principalement les mauvaises positions qu'occupent les deux principaux partis français de la majorité et de l'opposition, on  est tenté de penser d'abord aux petits partis délaissés habituellement. Sur la droite il y a fort à parier que contrairement aux Européennes - le scrutin de liste à deux tours aidant - le Front national et les compositions de la droite extrême vont progresser. Idem dans les grandes lignes à gauche, avec une poussée prévisible du Front de gauche au détriment du NPA.
Mais c'est aussi dans l'interstice séparant PS et UMP que va se jouer la bataille de ces élections: bien que le Modem soit donné en très net recul, il ne serait pas surprenant qu'il régresse beaucoup moins fortement que prévu. A moins qu'un net repli de ceux qui déserteront ses rangs ne fassent - comme l'avaient anticipé nombre des membres élus du Modem après 2007 - le même trajet vers l'UMP. En ce cas il faudrait être attentif à une poussée de la majorité présidentielle qui serait pour l'essentiel due à une forte récupération des voix centristes récemment ralliées, et ce malgré la déperdition ou l'évaporation des voix de la droite extrême.
Il reste le cas de figure des Verts, qui ont endossé, comme il l'avaient fait aux Européennes de 2009, l'étiquette de l'ouverture à leur façon, en conservant l'appellation Europe Écologie. Listes panachées et alternées où cohabitent nombre de personnalités venant d'horizons diversifiés, susceptibles d'emporter, au delà des clivages politiciens traditionnels, l'adhésion d'électeurs en mal d'abord de confiance.
Comme souvent relevé, les écologistes en plus d'être portés par une thématique verte si ce n'est à la mode, tout du moins dans l'air du temps, représentent une force trans-courants (comme on a toujours aimé  à le dire toujours au PS sans jamais le faire) et trans-partis. C'est une des raisons qui peut laisser imaginer que nombre d'électeurs - en particulier à Vincennes où la préoccupation de la qualité de vie, de l'environnement, de la protection du bois, du Zoo, du Château, où la place des sports et loisirs jouent un rôle considérable - opteront pour le projet et le programme. écologique.
Le scénario devant lequel nous pourrions par conséquent être placés dès dimanche 14 mars au soir serait celui d'un PS en très net recul, peut-être moins fort que lors des Européennes, mais procédant de la même dynamique d'érosion électorale ; d'une droite pas si mal que ce que les sondages la prédisent encore ces derniers jours ; de partis minoritaires y-compris extrêmes en progression (comme expression massive d'un fort mécontentement) ; et d'une vague verte d'adhésions sur la base d'un consensus autour des problématiques climatiques planétaires de développement durable et d'environnement (en ce sens le récent soutien de Nicolas Hulot à Europe Écologie, au moment même où Nicolas Sarkozy, lors du salon de l'agriculture, semble laisser en réserve les Verts sont des signes particulièrement importants).



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