dimanche 14 novembre 2010

Jean-Louis Borloo veut retrouver sa "liberté de parole"


Un geste pour la planète : l'impression de cette information est-elle vraiment nécessaire ? LEMONDE.FR | 14.11.10 | 17h16 • Mis à jour le 14.11.10 | 17h16

Le ministre de l'Ecologie sortant a annoncé, lors d'une conférence de presse, qu'il "avait choisi" de ne pas faire partie de la nouvelle équipe réunie par François Fillon.AFP/BERTRAND GUAY


Jean-Louis Borloo ne sera pas du prochain gouvernement. Après deux jours de tractations, le ministre de l'Ecologie sortant a annoncé, lors d'une conférence de presse, qu'il "avait choisi" de ne pas faire partie de la nouvelle équipe réunie par François Fillon.

L'annonce a son importance : Jean-Louis Borloo était encore donné favori pour Matignon la semaine dernière, puis à la tête d'un grand ministère social. Il annonce finalement qu'il a "choisi", lui-même, doit-on comprendre, de quitter le gouvernement. Manière de signifier qu'il n'a pas voulu céder à la tentation d'un ministère de consolation. Et aussi qu'il faudra sans doute compter avec lui d'ici à 2012.

"Je préfère retrouver ma liberté de proposition et de parole au service de mes valeurs" au premier rang "desquelles je place la cohésion sociale", poursuit le communiqué du ministre, qui assure cependant qu'il a "vivement remercié le président de la confiance qu'il m'a accordée au cours des trois dernières années. Grâce à lui la France a pris un virage décisif vers une croissance durable".

S'il est trop tôt pour refaire le fil de ce week-end agité pour Jean-Louis Borloo, on peut déjà déduire ce qui s'est produit : reçu à l'Elysée samedi, alors que sa nomination à Matignon apparaîssait déjà peu probable, le ministre s'est, semble-t-il, vu proposer plusieurs postes : on l'a évoqué au Quai d'Orsay, notamment, mais aussi à la justice. Selon La Voix du Nord, il aurait exigé un grand ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, sans l'obtenir. D'où l'annonce de son départ.

LE RISQUE DE FÂCHER LES CENTRISTES

Nicolas Sarkozy n'aura pas réussi, comme il le souhaitait, à ménager toutes les sensibilités à droite. En resserrant son gouvernement autout de ses fidèles et de "poids lourds" issus du RPR, même s'il reste quelques centristes, le chef de l'Etat prend le risque de se fâcher avec cette composante de la majorité. Depuis des mois, les ex-UDF réclament un virage social et un recentrage de l'action du chef de l'Etat.

D'où l'hypothèse Borloo, après la difficile réforme des retraites, qui a séduit certains, mais provoqué une levée de boucliers des ténors de la droite ex-RPR, qui a lancé une véritable campagne de dénigrement du ministre, tout en poussant à un maintien de François Fillon. Nicolas Sarkozy les a écouté, et a choisi la continuité, avec un François Fillon certes populaire à droite, mais qui aura du mal à incarner un changement profond et un nouveau souffle. Il a surtout pris le risque de se créer un ennemi de taille au centre.

Au final, entre Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, également donné partant, ou Marc-Philippe Daubresse qui quitterait son poste, la tendance centriste au sein du gouvernement semble se réduire à la portion congrue. S'il est trop tôt pour dire quelles sont les intentions de Jean-Louis Borloo, le ton de son communiqué indique qu'il ne va certainement pas en rester là. La "liberté de parole" retrouvée de Jean-Louis Borloo pourrait faire mal, si elle servait à critiquer le gouvernement ou le chef de l'Etat.

Sans compter l'hypothèse d'une candidature de l'ex-ministre pour 2012. Bien que paradoxalement, celle-ci pourrait servir Nicolas Sarkozy en rassemblant une partie du centre au premier tour. Tout dépendra maintenant des choix de Jean-Louis Borloo et du degré de "liberté de parole et de proposition" qu'il compte adopter.

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